Spectacle "L'aiguilleur"




«L'aiguilleur » très librement inspiré  de  «L'homme de Londres» de Georges Simenon.



Georges Simenon...
L'abondance des romans policiers de Georges Simenon et le succès qu'ils ont suscité
(particulièrement les «Maigret») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche.
« L'homme de Londres » qu'il a écrit en 1933, fait partie de ces bijoux cachés .
Même si parfois, le lecteur peut regretter que Simenon écrive ses romans très vite (peut-être trop....)?il n'en reste pas moins que Simenon fait preuve d'une grande justesse dans le réalisme de ses personnages et d' une belle maitrise dans la trame de ses romans.
Il parvient sans peine à nous faire rentrer dans la vie quotidienne et intime des héros qu'il créé avec
une acuité digne de Maupassant. Les personnages secondaires ne sont jamais anecdotiques.
Dans la plupart de ses romans, Simenon n'utilise pas un canevas d'intrigue haletant amenant à la
découverte d'un coupable surprise. mais il s'appuie sur des situations de tension qui transforment
les personnages et les amènent à faire des choix cornéliens, souvent orientés par leur condition
sociale.
Tous les romans de Simenon sont sous- tendus par l'idée que ce sont les conditions sociales qui
amènent à la criminalité ou à l'héroisme.
Les nombreuses adaptations sur nos écrans des romans de Simenon s'expliquent par son sens de
la narration maitrisée avec une précision quasiment cinématographique, plaçant le lecteur
tour à tour du point de vue d'un personnage à travers ses rèflexions, la vision dynamique
de son environnement, ou comme filmé de très loin par un avion ou hélicoptère...

« L'homme de Londres »
Le héros (un aiguilleur à la vie étriquée d'une gare maritime à Dieppe) devient le coupable « officiel »par hasard . Il n'est ni sympathique ni antipathique.
Mais presque tous les autres personnages sont aussi coupables, à degré moindre...et c'est ce trouble
produit chez le lecteur qui intéresse Simenon.
J'ai choisi d'adapter ce roman (qui me semblait se prêter à l'adaptation théâtrale) en prenant le pointde vue du héros Maloin et en mettant en évidence les degrés de culpabilité (juridique, morale) de cet homme banal qui devient criminel ...par hasard.
La fragilité humaine reste donc toujours le fil conducteur de nos spectacles…

INTERETS PEDAGOGIQUES :

*Comment écrire un roman (policier)?
C'est très clair dans ce roman de Simenon : des petits faits journaliers et des descriptions visuelles,
sonores très nombreuses dans le roman constituent l'environnement des personnages et leur donne vie,contribuant ainsi à la grande « efficacité » de la narration .
* Questionnement sur les différents niveaux de culpabilité (juridique , morale....)
(avec les collégiens, après le spectacle, animation « Maloin est- il coupable ou victime?» existe t 'il
d'autres coupables ?)
La société a souvent besoin de classer : le premier / dernier, le bien /mal, le héros /criminel , et de
sanctionner de façon définitive.
C'est souvent le cas des faits divers dont les médias s'emparent en jugeant à l'emporte pièce
Ne serait-il pas plus sérieux de penser que bien et mal sont intimement mêlés et que
chacun d'entre nous peut-être le meilleur et le pire en fonction de conditions dans lesquelles
il est placé?...peut-être serait-il plus judicieux de penser que l'autre quel qu'il soit, c'est toujours
une part de chacun d'entre nous .....
* Quel est l'intérêt d'adapter? Comment adapter un roman au théâtre ou au cinéma ?
Nous avons choisi uniquement le point de vue héros (spectacle avec un seul comédien qui joue
Maloin), à la différence du très beau film de Bela Tarr (« l'homme de Londres » 2007) qui a choisi,
lui un parti pris très net de sons très expressifs sur une succession de très beaux plan fixes en noir
et blanc (économie de mouvements et de parole). Il est aussi possible de comparer avec une autre
adaptation plus « datée » d' Henri Decoin « L'homme de Londres » en 1943.